Etre à l'écoute, de tes mots, de tes pensées, de ce que tu dis, de ce que tu vis.
Ecouter ta voix. Et remarquer, soudain ou peu à peu, que son intonation change, imperceptiblement mais je l'entends : elle se fait douceur, elle se murmure tendre, elle me séduit, invitante, rieuse, cajoleuse, interrogative.
Viens ! dit-elle, elle ne le dit pas mais je l'entends bien. Mes antennes se dressent. Tu le sais, tu en joues ou t'en inquiètes : tu veux ? dit-elle, tu veux, dis, jouer avec moi ? réponds-moi... Elle ne le dit pas en mots, mais les mots sont prétexte, le son de ta voix raconte une autre histoire, que celle de ce questionnement qui me cherche...
Je fais celle qui n'entend pas, tout d'abord, je parle à ta tête : je réponds en mots à tes mots. Mais les miens prennent un double sens, s'amusent à être ambigüs, ou font des lapsus, et me trahissent. Mon rire te le confirme. Tu souris, tes yeux rient. Tu sais que je t'ai capté. Tu sais que tu m'as captée ! Ou captivée, ou capturée ? Sait-on jamais.
Les sens en éveil, j'entends alors d'autres sons : le bruit soyeux de tes mouvements quand tu t'approches. Tes mains qui glissent dans mes cheveux, sur mes vêtements. Tes doigts qui se faufilent dessous, sur ma peau, palpent, agrippent, touchent, caressent... Et encore, et encore... S'y mêlent baisers, et mes mains, qui te caressent... Et puis le bruissement sourd de nos mouvements, de nos effusions...
Me vient alors, peu à peu, l'écho de nos soupirs, de nos gémissements : ça vient de l'intérieur, ça prend source en notre désir, en notre plaisir qui grandit, qui se vit, qui se dit, qui se lâche. Nos corps font percussion, au rythme de notre danse, de ses pas de deux... Nos souffles se mêlent, se syncopent, se retrouvent... Et puis ils s'étirent, en un long cri rauque, échappé à la nuit.
C'est l'heure où tout est silence... Nous l'avons rompu.
Et nos corps, rompus, y retournent...