mardi 18 octobre 2011

Juste à côté

Je suis passée de l'autre côté.
Et la cloison de papier, comme une surface d'eau lisse, sans un pli, derrière moi s'est refermée.
Vous étiez là. Vous m'attendiez.
Enfin, bien sûr vous n'en aviez pas l'air... Vous étiez très absorbé par votre lecture.
Je n'ai pas fait de bruit. Je me suis installée, pas très loin, sur la longue banquette où vous étiez, et j'ai regardé droit devant.
Je voyais le monde vivre et vibrer, pressé empressé...
Au coin de mes yeux, à la périphérie, juste là où l'on ne distingue plus bien les couleurs, je voyais le mouvement de votre tête, qui de temps en temps regardait par-dessus ses lunettes, par dessus votre bouquin, dans ma direction.
Il me semblait inconvenant de tourner la tête vers vous, précisément à cet instant-là.
Puis, il m'a semblé inconvenant de vous ignorer...
Et je vous ai regardé.
Oh, à la dérobée, seulement chaque fois que vous lisiez, tête penchée. Un mouvement imperceptible de votre tête pour vous relever, et je ne vous regardais plus, j'étais déjà échappée, le regard loin, comme un chevreuil à l'orée du bois, jouant à se cacher en s'immobilisant dans les bosquets. Et puis je vous regardais à nouveau, dès que vos yeux lisaient. Et ainsi de suite.
A ce jeu, je n'ai pas tenu longtemps.
Peu à peu, je regardais les passants de plus en plus longuement, car vous lisiez de moins en moins, amusé par le jeu sans doute... Et vous ne me laissiez guère de répit. Je n'avais plus le loisir de vous observer sans me trahir, il fallait que je croise votre regard. 
Je me suis alors tournée résolument vers vous, comme une biche aux arrêts, faisant face, interdite.
J'ai sursauté : vous étiez si près !
Vous aviez avancé vers moi, sans que je m'en rende compte, glissant de côté sur le siège jusqu'à vous approcher... très près : juste à côté.
Vous n'avez pas vu mon frémissement, du moins ai-je essayé de le contenir.
Mais il était dans l'air, il était palpable. C'était un frisson délicieux...
Et je lisais dans vos yeux que vous le sentiez...
- Je vous offre un verre ?
Nous avons bu, et conversé. Je parlais peu, je vous écoutais beaucoup, et le vin m'enivrait assez.
Je n'ai pas vu la nuit tomber.
Quand elle était là, j'ai pensé qu'il était tard, trop tard pour repartir seule...
Et vous avez lu dans mes pensées.
- Je vous raccompagne, ou on va manger ?




6 commentaires:

  1. Bonsoir Ambre,
    Bon, ben on attend la suite maintenant, hein ?
    Et puis il lisait quoi, hmm ?
    Baisers frigorifiés,
    Amandier

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  2. > Rêveur : composée d'éléments réels, comme un rêve oui !
    Vous le savez bien, si vous êtes rêveur..

    > Amandier : vous voulez tout savoir ! :)
    Faites un peu de feu pour que je vous raconte la suite alors, je ne voudrais pas vous voir congelé !

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  3. Il faut m'excuser :
    "Je suis passé(e) , je suis juste de l'autre côté de la porte ...
    Il ne faut pas non plus m'en vouloir ; pour moi , c'est tout autre chose .
    Soyez quand même heureuse , Ambre ; et jouissez de la vie ; vous le faites avec art et élégance .
    Hutin chagrin .

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  4. La ponctuation est défectueuse et rend le texte peu compréhensible :
    "Je suis passé(e) , je suis juste de l'autre côté de la porte" .Là , ce n'est pas le Hutin qui parle ...
    Mais le début : (" il faut m'excuser") comme le reste du texte sont de lui .

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  5. Très beau texte Ambre.
    J'aime ces tensions palpables.

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