La nuit est avancée. La nuit nous appelle, nous attend, son trou noir de fatigue nous aspire et nous happe...
Nous résistons, je ne sais pas pourquoi, toi tes images, moi mes mots...
Elle envoie ses signaux : brume aux yeux, petites perles aux paupières, voile de plomb sur les épaules...
Tu as baissé la garde, tu t'en remets à la nuit, tu as plongé, tu t'es endormi.
Je me glisse près de toi, me love dans ta chaleur, sans trop bouger, tout près, tout près, sans te réveiller. Respiration calme, peaux douces, mon corps s'abandonne au sommeil qui le gagne.
Entre deux eaux, je rêve de tes mains, de peau à peau, de ton corps qui me touche...
En dormant tu bouges, tu te tournes vers moi, ta main se pose sur moi, la hanche, les fesses, le creux des reins, ton bras m'embrasse et m'enserre.
Comme une danse en semi-transe, nos corps se collent, nos bouches se touchent, se fondent en un long baiser, effusion, fusion.
De nos ventres chauds monte une onde, qui nous inonde.
Désir de se prendre, de s'éprendre...
Ton sexe tendu vers ma béance attendue. Chaleur moite. Douceur fluide. Tes mains, mes mains partout. Nos bouches encore, nos bouches douces, assoiffées, sans mots se disent, se dévorent. Tu m'attires, je te happe, je te prends, tu me prends, je me rends.
Sous les draps, les toiles du lit, filent les étoiles de la nuit...
(Image : Phil Godin, Voile au baiser)