Sentir, au matin, l'air vif en ouvrant la fenêtre.
L'odeur du café*, qui réveille les narines.
*Ou celle du thé, plus douce et plus subtile.
*Ou bien du chocolat, suave, entêtante, sucrée.
*(cocher au choix)
Sentir le pain frais, qu'on craque, croustillant.
Ou le pain grillé, qui nous réveille, définitivement.
Ouvrir une orange, en presser le jus.
Sentir mon corps qui se libère du sommeil. M'étirer, respirer.
Sentir que j'ai faim, et que c'est bon de manger.
Boire chaud, longuement, à petites gorgées.
Sentir ton parfum, dans la salle de bains que tu viens de quitter.
Je le retrouverai ce soir sur toi, moins piquant, adouci et mêlé à ton odeur. J'aime.
Douche et savon, crème douce sur ma peau de femme.
Faire les gestes de tous les jours.
Sortir.
Odeurs mélangées de la rue : gaz d'échappement d'une voiture qui démarre, fumée âcre du feu de bois de la cheminée voisine, livraison de fuel un peu plus loin.
Les odeurs de la vie.
Jour de travail. Saluer les collègues en arrivant. Odeur de café chaud. Une collègue écrase une cigarette avant d'entrer, ses mots sentent la fumée qu'elle vient d'inhaler, cela m'amuse. Odeur des gens, toute la journée : fraîches le matin, un peu moins au fil des heures... Heureux qui ne sent rien ! (?)
Parfums neutres ou discrets des corps soignés, parfums forts ou entêtants des corps maquillés, odeurs âcres des corps négligés ou malmenés.
On s'habitue, on n'y pense plus, on en sourit.
La journée passe, le soir vient.
Entrer chez quelqu'un a toujours une odeur. Chaque intérieur a la sienne, particulière.
Entrer chez soi ne sent rien, ou presque : c'est familier, une sensation d'évidence, on ne la remarque pas.
Embrasser les enfants. Leurs cheveux, leurs affaires sentent le collège, le lycée, le gymnase, le bus, la rue.
Eplucher un oignon. Le couper. Le faire rissoler. Pour le plaisir, pour l'odeur appétissante.
Ajouter les autres légumes, les faire dorer à l'huile d'olive, poivron craquant, aubergine charnue, courgette douce, tomates juteuses enfin. Surveiller et retourner rondelles et quartiers, sentir quand ils ont doré assez leur face au fond des larges poêles à frire. Puis tout mélanger dans un faitout, et laisser mijoter, tantôt à couvert, à feu doux, pour donner du jus, tantôt à feu vif, cocotte ouverte, pour réduire l'eau et garder les sucs. Doser tout ça, tout en préparant une omelette : pas trop battue, un peu baveuse, parfumée.
Le plaisir de ceux qui arrivent dans la cuisine, découvrent les odeurs, devinent ce que c'est. Le plaisir de manger, avec du pain frais, un verre de vin, bonne humeur.
Tu es rentré, et j'ai senti sur toi toute la lassitude de la journée. Ton parfum un peu effacé, ton odeur musquée, salée. Corps à corps habillé, étreinte tendre, pour se retrouver...
Plus tard, après le repas, la détente de la soirée, les corps déshabillés, lavés, mis à l'aise, on s'apaise et on se cherche. Envie de se parler à peu de mots, de se sentir par tous les pores. Ton corps, ta peau : ambrée, de la chair, du bon pain. Envie de la sentir, de la flairer, comme un petit animal. La sentir vibrer, se reposer douce, frémir animée, s'exciter d'être touchée. Odeur de ton désir qui naît, qui vient, qui monte... Effluve de musc et de femme, de mon désir fluide, qui palpite en sa source...
Envie de s'enfoncer dans la nuit et ses parfums...