Peut-être qu'alors, avancer ne fait pas peur.
Bonjour tendresse.
Moi, ça me convient bien, souvent : pantalon-pull, allure sage, dessous coton, frileux molleton. Et sous la couette la chaleur, pyjama puis peau à peau.
Mais parfois, non. Femme gentille, compagne tendre... mais pas seulement.
Je me sens aussi femme-femme-femme... Et je veux te le montrer.
Pas femme fatale pour deux sous, pas vamp ni strip-teaseuse ni comédienne du tout, et pourtant je veux te vamper, jouer de mon corps, te charmer, t'allumer, t'affoler...
Te faire de l'effet.
Ça m'en fait aussi, évidemment. Incroyablement.
Un petit haut qui s'ouvre devant, cintré moulant, soyeux, où se devinent, se dessinent les seins et la taille... Une jupe pas bien longue, qui épouse les formes, les hanches, les fesses.
Tu es là, tu m'observes, je vois ton regard amusé, qui se demande où je veux en venir : laisse faire !
Je passe la main dans mon décolleté, je caresse le haut des seins, je soupire. J'aime le moment qui commence...
J'ouvre les boutons un à un, et l'échancrure du corsage devient fente longue et large, puis fenêtre béante... Caresse sur l'épaule, le tissu glisse et une manche tombe, puis l'autre. Les épaules sont nues, le décolleté palpite, les seins s'offrent dans leur corolle de dentelle, deux bretelles et leurs petites corbeilles de satin et soie... Je descends la main, caressante, du cou à la naissance des seins, les soupèse doucement. Des deux mains je les palpe, presse les tétons, tu veux mieux voir... Je glisse une main derrière et les libère, la dentelle tombe à terre. Les seins ne tombent pas ! Ils se dressent fièrement, un dans chaque main je te les présente, tu les respires, les pétris, les embrasses longuement... Tes mains s'aventurent plus bas, se faufilent sous la jupe. Je m'écarte un peu de toi, je te montre encore : si je me cambre, les courbes sont plus courbes, et si j'ondule, j'en frémis, et toi aussi... Mes mains dessinent les contours, taille et hanches, et puis font ce que tu attends, dégrafent la jupe en un mouvement, elle me quitte en un bruit soyeux. Tu ne vois plus qu'un triangle de tissu ajouré, et les bas qui font belles les jambes, et si douces à toucher...
Je te sens ému... et le mot est faible !
Tu murmures « mm, j'adore ! »
J'allais le dire...
Le triangle te fascine, je le vois dans tes yeux, et j'aime te le montrer. Tu caresses les jambes de soie noire, ourlées de dentelle en haut des cuisses... Tu regardes le pubis... Mais là tu ne touches pas, non, pas tout de suite, tu me regardes onduler, caresser, glisser la main sur et sous le tissu du string... Mes doigts descendent encore, j'en frissonne et c'est si bon, j'en ai tellement envie... Quand ma main atteint mon bouton sensible, puis entre les lèvres la fente si humide, qu'elle y glisse un doigt, elle en est surprise elle-même, je ne peux retenir un cri !
Il faut que tu voies, que tu sentes cela, c'est si mouillé et si doux...
Tu m'aides et j'enlève la culotte, tu veux voir et sentir, y plonger aussi... Attends que je te montre : j'écarte les plis, tu aimes les voir s'ouvrir, et que la vulve s'offre, brillante et trempée de désir...
Viens ! et me combles de plaisir...
Combien de temps peut-on vivre sans désir ? Sans plaisir sans ivresse, sans rêve ni fantasme, sans « petite mort », sans même en avoir envie : n'est-ce pas une petite mort, déjà, une vie sans vie ?
Il y a des moments comme ça, le corps en hiver... C'est comme un brouillard ouaté, une ombre qui nous suit, un halo de vide qui nous entoure.
Je ne parle pas de ces périodes exaltées, occupées, où l'action et la fatigue nous terrassent. Ou le souci. Ou la maladie. Ou la douleur, la peine. Ou la passion, quelque chose qui nous dépasse...
Mais de ces léthargies sourdes, sournoises, sans rime ni raison. Ou dont les raisons s'égarent... Vaines, futiles, négligées peut-être.
On vit pourtant. Assez bien. On fait ce qu'il faut, quand il faut. Le corps suit, on ne le sent pas trop. Il est au ralenti, juste utile, ne se fait pas trop remarquer. Ou il ne grince qu'un petit peu, à bas bruit. Docile, il s'adapte.
Quelquefois cela vaut peut-être mieux. Les sensations s'anesthésient, les bonnes comme les mauvaises. Cela peut durer longtemps. Ça passera. Tout passe.
Ce n'est peut-être qu'une histoire d'hormones... Allez savoir ! (Mais qui les commande ?)
Ne pas se poser trop de questions. Attendre que le temps passe. Il passe toujours.
Et cela revient.
C'est blotti, enfoui, engourdi, mais ça se réveille toujours.
Ça ne dure jamais bien longtemps avec moi. Avec toi. Tu sais y faire !.. Même quand je crois avoir tout oublié, tu me réveilles, tu me guides un peu, et tout me revient.
Les sensations. Les fluides. Des vannes s'ouvrent, tout circule. Ça vit et ça palpite, ça frémit, ça bouillonne. Ça vient de je ne sais où, et ça envahit tout, de l'intérieur à la moindre parcelle de peau, de muqueuse gorgée de jus, de vie : de désir !
Je revis. Bonheur de sentir son corps vivant...