lundi 1 juin 2009

Petit bout

Il n'y avait pas encore eu de première fois. Pour moi. Pour toi ce n'était pas pareil, tu savais faire, enfin tu avais déjà fait. Cela te donnait une sacrée responsabilité ! En tout cas à tes yeux. Une sacrée frousse oui. Pas pour moi, j'avais confiance, je n'avais pas peur. Simplement, je n'étais pas encore tout à fait prête, j'attendais d'en avoir envie dans mon corps. Les baisers, la tendresse, c'était déjà tout un monde pour moi, pendant quelque temps cela m'a suffi, cela comblait mes désirs...

Toi, naturellement tu avais envie d'autre chose, d'aller plus loin...

« Aller plus loin avec quelqu'un, c'est souvent aller plus près! »*

Cette ignorance que j'avais, cette virginité, il y a des hommes que cela fait fantasmer, mais toi, non, ça t'embarrassait bien : tu ne savais pas comment t'y prendre. Tu aurais préféré que je sache ! Tu n'osais pas, tu avais peur de me brusquer, et tu n'avais pas le coeur à ça, mais alors pas du tout.

Alors on a attendu... que cela vienne, doucement.

On a franchi des étapes, douces, tendres, sensuelles, fébriles, de caresse en frémissement, les doigts qui s'enhardissent... Les tiens, les miens, qui vont plus loin, qui s'infiltrent sous les vêtements, entre les plis... La surprise du plaisir que cela procure, qu'on y découvre...

J'imagine ce que tu devais soupirer de m'attendre, de mes gestes qui restaient timides...

Un jour, nous étions encore habillés et sages, corps sages mais coeurs en chamade, en tambour, lèvres en feu, éperdus de baisers et de contacts... tu m'as demandé si je voudrais, dis, si je voulais bien que tu viennes un peu en moi, « juste le petit bout »...

Je n'arrive plus à me souvenir, je ne sais plus ce qui s'est passé à ce moment-là, si nous avons été surpris, interrompus, ou si j'ai esquivé, mais je sais que nous ne l'avons pas fait cette fois-là. Pourquoi, je ne sais plus. Peut-être parce que je ne comprenais pas qu'on puisse le faire un peu, à moitié, « juste le petit bout »...

Un peu plus tard, le jour où nous l'avons fait vraiment, c'était une nuit d'ailleurs, j'en avais envie et nous étions libres, dans ma chambre, sans risque d'être dérangés, sans entrave et sans gêne. Nous l'avons fait complètement, et... avec plaisir ! J'en ai été surprise, heureuse, ravie : pas de douleur, et du plaisir, dès la première fois ! Fugace, fugitif, un peu malhabile, mais ce plaisir vif et réel était une promesse de sensations extraordinaires !

La promesse a tenu, et continue de m'émerveiller...

Bien des années après, en mes moments de désir, il m'arrive de repenser avec trouble et gourmandise à ce « petit bout » : la page est tournée, la vie a roulé, nous chacun de notre côté... Mais je me demande : ce jour-là, si j'avais dit oui au « petit bout », jusqu'où serait-il allé ?..


5 commentaires:

  1. une douce nostalgie émane de cet article, si joliment écrit! les premières fois comptent toujours plus que les autres...mais heureusement, la vie nous offre plusieurs premières fois ;o)

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  2. Ce texte est sans doute un des plus beaux écrits par Ambre.
    Un des plus beaux, car l'érotisme confidentiel auquel elle a bien voulu me faire accéder, ce n'est pas l'érotisme désincarné tout court.
    C'est une pudeur profonde qui se déflore, qui se livre, qui se donne en détail, qui ensuite, pantelante, vous laisse libre autant qu'elle vous honore de sa confiance.
    Car il n'est sûrement pas facile d'écrire ces choses qui n'ont cependant rien de très directement sexuel ou érotique ; c'est une autre approche, une autre clé d'accès à l'intimité de l'érotisme.
    Merci encore, Ambre, même si je ne vous connais toujours pas.
    Le Hutin .

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  3. C'est étrange, comme certains hutins anonymes signent leurs mots de façon limpide! ... certes cher V, vous avez raison, Ambre nous livre là un érotisme raffiné

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  4. > Chimères : merci ! Les premières fois sont si émouvantes, si troublantes et si marquantes, oui !
    (Mais je ne crois pas que Le Hutin s'appelle V...)

    < Le Hutin : merci de vos mots, qui prolongent tellement les miens, y donnent une dimmension étonnante... avec beaucoup de poésie.

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  5. C'est marrant comme certains croient deviner mais n'ont rien compris.

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